Depuis quelques jours maintenant, mon livre A jamais et de tout temps (ainsi que tous ceux de mes collègues chez L’Ivre Book) n’est plus disponible nul part. Ce n’est pas si important. J’aurais préféré qu’il soit retiré du catalogue de mon éditeur pour tant de raisons mais là… La maison d’édition est donc en cours de fermeture. Une fermeture très longue. Et tellement douloureuse. Cette maison aurait pu vivre de nombreuses années. Elle en avait le cœur et le courage. Je resterai discrète sur le pourquoi.
Vous connaissez la chanson… Il manque quelqu’un près de moi. Le sentiment n’est pas bizarre car dans mon domaine, il n’y a plus personne. Mon éditeur c’est un peu le père qui te dit que tu en es capable et que d’ailleurs, tu y arrives très bien. Je n’ai pas envie de chercher un éditeur. Le mien pouvait me dire quand c’était bien ou quand c’était mauvais. Les mots étaient toujours justes. Jamais blessants ni flatteurs. Il aime les écrivains et il aime les livres. J’espère un jour en rencontrer un autre ainsi mais pour l’heure, j’écris encore comme si c’était pour lui.
Alors que des têtes pensantes se demandent s’il faut dire « auteure » ou « autrice » (je préfère « auteure » d’ailleurs mais je crois que ce n’est pas celui retenu), moi je me demande comment va aller la vie des artistes en général. Je parle pour la France car j’ignore ce qu’il se passe dans ce domaine dans le reste du monde. Les artistes sont exploités par des grands noms (maisons de disque, éditeurs, producteurs, etc…) et sont de moins en moins bien payés (ou de moins en moins souvent payés d’ailleurs !). La vision que les autres personnes ont de nous est si fausse mais tend à faire décroitre le niveau de vie des artistes. Non, nous ne sommes pas des feignants, non nous ne rêvons pas le nez en l’air. Oui, il s’agit d’un travail. Essayez-le pour voir. Beaucoup en serait incapable. Non pas à cause de la vie à contre courant que cela implique ni de la solitude qui se fait presque naturellement. Mais parce que tout le monde ne peut pas le faire. Tout le monde ne peut pas être médecin, tout le monde ne peut pas être trader, tout le monde ne peut pas peindre, écrire, chanter, composer.
Je vais sortir Celle qui accompagne le héros au cours de l’été. Il s’agit d’une nouvelle que j’ai travaillé très durement. C’est la première fois que je publie quelque chose seule depuis Trois cents secondes, en 2009 donc. J’ai un peu peur malgré une certaine fierté du travail achevé. Je n’aurais pas Lilian pour me tenir la main. Mais j’aurais ses mots en résonance. Les artistes ont leurs œuvres pour être éternels. Les éditeurs ont leurs auteurs. Pour toujours.